Les pompiers de Rambouillet
« Un pompier est une personne qui a pour vocation principale de combattre le feu, mais qui est aussi apte à offrir une gamme de secours de diverses natures (inondations, accidents, sauvetages, secours et assistance à personnes, etc.). Sa mission principale est de protéger les personnes, les biens et l’environnement.» (définition de Wikipedia)
C’est l’histoire du CSP (Centre de Secours Principal) de Rambouillet que je vous invite à redécouvrir ici.
A l’origine
L’existence d’équipes chargées de donner l’alerte et de lutter contre les incendies est avérée dès l’Antiquité, en Egypte, en Grèce ou à Rome. Les villes étaient particulièrement exposées, en raison de l’empilement de constructions, et de l’utilisation intense du bois. L’incendie qui détruisit les deux tiers de Rome en 64 est resté célèbre, parce que Néron en avait rejeté la responsabilité sur les chrétiens.
Pendant des siècles les habitants se mobilisent pour lutter contre chaque incendie. Appelés par le tocsin de l’église, ils font la chaîne de seaux depuis un point d’eau. C’est la nuit que les incendies sont les plus redoutés, et un service de gardes de nuit est progressivement confié au guet royal, dans les grandes villes, et aux magistrats communaux ailleurs.
Au XVIIème siècle un inventeur néerlandais fabrique des tuyaux de cuir souple, reliés tous les 15 mètres par des raccords en laiton. Ils se généralisent, et leurs caractéristiques servent encore de norme aujourd’hui. La pompe à bras, tractée par des pompiers, responsables de leur entretien et de leur fonctionnement, puis tirée par des chevaux se généralise. Celles de 1725 peuvent lancer 12litres d’eau par seconde à 40m de hauteur. En 1829 apparaissent les premières pompes à vapeur, et en 1905, les pompes à combustion interne commencent à les remplacer.
Éteindre le feu devient un service public (et gratuit) en 1716, avec la création de la première « garde pompe » à Paris. Un arrêté consulaire la remanie, organisant les « gardes-pompiers » en trois compagnies casernées. Elles sont incapables de venir à bout de l’incendie qui détruit en 1810 l’ambassade d’Autriche à Paris et Napoléon choqué de cet échec, ordonne leur dissolution et confie leur mission à un corps militaire de sapeurs du génie de la Garde Impériale. Le 18 septembre 1811 il le fait évoluer en créant le corps des sapeurs-pompiers de Paris : quatre compagnies de 142 militaires, placées sous les ordres du préfet de police.
De cette période les pompiers conservent aujourd’hui encore l’appellation de sapeurs-pompiers.
En 1852 toutes les communes se voient imposer l’entretien d’un corps de sapeurs pompiers. En 1925 ses hommes perdent leur statut militaire, et dépendent depuis du ministère de l’Intérieur.
C’est à cette occasion que les camions de pompiers, restés verts et noirs lorsqu’ils étaient véhicules militaires, deviennent rouges.
Il y a toujours eu des bénévoles pour lutter contre les incendies. Mais le statut des pompiers volontaires a fait l’objet d’une définition et d’une réglementation précise à partir de la loi du 3 mai 1996, complétée depuis par de nombreux textes. Leur rôle est déterminant : ils représentent aujourd’hui 78% des effectifs aux côtés de 17% de professionnels employés par l’Etat ou les collectivités locales, et 5% de militaires.
Chaque commune est protégée par un Centre de Secours (CS), qui peut être situé dans une commune proche. Au niveau départemental les moyens humains et techniques sont organisés en Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) placées au plan national sous la direction du ministère de l’Intérieur, Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC).
Rambouillet
Le 3 juin 1906, un ballon prend son envol devant le Palais de Justice de Rambouillet. C’est l’attraction phare d’une grande fête des sapeurs-pompiers de Seine-et-Oise, que la ville accueille quelques semaines après la première Fête du Muguet.
La vente de billets de loterie (étendue à toute la France à partir du 1er juillet) permet de créer une caisse de secours immédiat pour les veuves et les orphelins des pompiers morts au feu. L’accueil de la population montre la sympathie et la gratitude que les Français portent à leurs pompiers.
Le château de Rambouillet a disposé très tôt d’une pompe à bras. La ville en a acquis une seconde à la Révolution. En 1820, les archives du château indiquent qu’il disposait alors de trois pompes. Et en 1834, une compagnie de 21 sapeurs-pompiers, sous les ordres d’un sergent, est créée à Rambouillet à la demande de la mairie (sous le mandat du maire Jacques Aubry). Son effectif passe à 60 hommes en 1835.
Au début du XXème siècle il ne se passe pas une semaine sans que les journaux locaux ne fassent état, tantôt de l’incendie de meules de paille, qui s’étendait ensuite aux bâtiments d’une ferme, tantôt de la destruction d’un bâtiment de bois qui se transmettait souvent aux habitations voisines… Beaucoup étaient dues à des imprudences, des accidents domestiques, un feu de cheminée… mais souvent aussi à des actes de malveillance…Toutes les communes d’une certaine importance investissent dans une pompe. Rambouillet, se doit de disposer d’un équipement adapté à son statut de ville présidentielle. En 1911 la compagnie du capitaine Trubert, s’installe rue Dubuc, dans un bâtiment baptisé l’arsenal. Elle y dispose de logements et de hangars pour un matériel qui augmente, et qui était jusqu’à lors entreposé à l’hôpital, rue de la Motte, non loin de la mairie.
Toutes les communes n’ayant pas les moyens de s’équiper autant, la compagnie de Rambouillet peut être réquisitionnée pour venir en aide à une commune voisine. C’est ainsi que l’auto pompe qu’elle achète en 1926 peut intervenir dans les communes voisines, et un arrêté municipal du 14 novembre 1927 fixe la tarification de ces secours à 125francs de l’heure, « soit que les sapeurs-pompiers de Rambouillet aient été appelés, soit que leur concours non provoqué ait été accepté. »
L’arsenal est resté en activité jusqu’en 1969. Son emplacement est actuellement occupé par le Skate Park de l’Usine à Chapeaux.
Un nouvel emplacement
Entre 1961 et 1963 l’immeuble est modernisé, avec l’aménagement de trois bureaux, deux cabines de douche, un vestiaire… Le Service d’Incendie et de Secours, qui compte alors 19 sapeurs volontaires et 9 pompiers professionnels dispose alors de huit engins, dont un fourgon-pompe-tonne (FPT) (fourgon équipé d’une pompe et d’une tonne, c’est-à-dire d’une réserve d’eau. Son débit peut atteindre 1000 à 3000 litres/minute), 7000 mètres de tuyaux à paroi lisse, une nouvelle ambulance perfectionnée pour les soins d’urgence, un véhicule tout-terrain porteur d’eau, et une fourgonnette de liaison avec équipement radio.
En 1965 le premier étage du bâtiment est transformé en deux dortoirs de 10 et 12 lits avec équipement sanitaire afin d’accueillir le personnel de permanence. Le réseau hydraulique d’incendie de la ville est renforcé de 20 bouches ou poteaux d’incendie.
L’équipement dont dispose Rambouillet en fait un centre de secours renommé. On comprend donc pourquoi ce sont ses véhicules que la fameuse marque Sibur de voitures miniature a choisi de reproduire pour sa collection de camions incendie.
Cependant, dès 1969 l’Arsenal devient trop petit pour recevoir une compagnie dont l’effectif et les missions augmentent régulièrement. Heureusement, les abattoirs du Bel Air ont cessé leur activité, et leurs locaux peuvent être occupés, en attendant la construction d’un nouveau centre moderne.
« Il y avait quatre bâtiments dont le bâtiment du chef du centre qui a disparu aujourd’hui. Le matériel changeait et il fallait s’adapter. A l’époque l’essentiel de nos interventions se faisait sur la RN10 où il y avait beaucoup d’accidents graves avant que la voie soit mieux aménagée, mais aussi avec la modernisation des véhicules.» (souvenir d’un ancien pompier, rapporté par Ph. Cohen, Toutes les Nouvelles du 24 mai 2023)
C’est une formule provisoire… qui dure 14 ans. La construction d’une nouvelle caserne est présentée aux Rambolitains pour la première fois en 1979.
Les travaux commencent en 1981. En 14 mois, le nouveau centre est construit à côté de l’emplacement de l’ancien, et l’inauguration peut avoir lieu le 22 janvier 1983.
A cette date l’effectif est de 33 sapeurs professionnels, de 10 sapeurs volontaires et de 12 gradés d’encadrement. Ils disposent de 8 véhicules communaux, et de 20 véhicules départementaux.
Cette année là, les incendies, y compris les feux de cheminée, ne représentent déjà plus que 5.6% de leurs interventions, très loin derrière les interventions en faveur des malades ou des blessés (20%) et leurs autres missions. C’est un changement considérable.
Dans le nouveau centre, il est prévu en rez-de-chaussée un garage de 30 emplacements, des ateliers mécaniques, locaux techniques, standard téléphonique et chambres de garde; en premier étage bureaux, salle polyvalente et cabinet médical; au second un réfectoire de 40 couverts, deux salles de télévision et deux foyers et au troisième étage la partie hébergement.
Une tour d’entraînement, représentation d’étages d’immeuble, surprend toujours par sa forme insolite.
Le centre dispose en outre d’une piste d’atterrissage pour hélicoptère.
Le budget, estimé de façon prévisionnelle à 13 115 830 francs atteindra finalement les 15 800 000francs, dont 600 000 francs de subventions.
Depuis 1996 le centre du Bel Air est devenu départemental. En 2023, il a fêté le 40ème anniversaire de ses nouveaux locaux. 42 professionnels et 71 volontaires y effectuent 3600 interventions par an. Rambouillet est un des maillons du SDIS 78 qui dispose en 2024 de 4366 pompiers, dont 2900 volontaires, 258 jeunes sapeurs-pompiers et 1220 professionnels. Plus de 100 000 interventions dans l’année, soit une toutes les 5minutes !
Paradoxalement, il semble qu’aujourd’hui ces soldats du feu interviennent plus souvent à Rambouillet pour lutter contre les inondations que pour combattre des incendies –même si, en période sèche; notre forêt reste bien vulnérable !
Christian Rouet
octobre 2024
PS L’amicale des sapeurs pompiers de Rambouillet va nous présenter bientôt son calendrier 2025.
Ne nous fions pas à l’aspect guerrier de son blason, et profitons de cette occasion pour les remercier pour leur dévouement.