La Louvière

Nous visitons aujourd’hui la Louvière, longtemps hameau proche de Rambouillet, qui a connu deux transformations importantes, la première entre 1860 et 1914, la seconde après 1950 qui en ont fait aujourd’hui un quartier important de la ville.

L’essentiel des informations historiques résumées ici sont tirées d’un article rédigé en 2001, par Jean Blécon, alors président d’honneur de la Savre, et pour la période récente, des bulletins municipaux de 1960 et suivants.

Le hameau

En 1153 Simon III, comte d’Evreux et son épouse Mathilde font don à la léproserie de Grand-Beaulieu (près de Chartres) « d’une charruée de terre près de Rambouillet et un hébergement vers la Louvière ». Il s’agit, semble-t-il, de la première mention de la Louvière.

Le 27 mai 1317 lors du partage des biens de Beatrix de Montfort, épouse de Robert IV, comte de Dreux, entre ses deux filles Yolande de Montfort, duchesse de Bretagne et Béatrix de Roucy, comtesse de Rochefort, la seconde hérite notamment du fief au Fauconnier, qui, selon Pierre de Janty serait à l’origine du hameau de la Louvière.

Il devait se limiter à une ou deux fermes, car en 1730, la première carte connue de cette région n’indique que 12 habitations, situées de chaque côté du « chemin qui va de Rambouillet à la Villeneuve ».

En 1735 un groupe de 3 ou 4 maisons s’y ajouteront, en limite de Rambouillet, au lieu-dit le Calvaire (qui a conservé longtemps une « croix de missions »), au carrefour des rues actuelles du Petit-Parc, de la Louvière et des Eveuses (à peu près à l’emplacement du pont Hardy).

Dans le recensement sommaire de la population, que François Petit, procureur fiscal du duché de Rambouillet établit le 1er mai 1763, l’ensemble constitué de la Louvière et du Calvaire compte 143 âmes (Rambouillet en compte alors 1645).

Il s’agit de 31 ménages (69 adultes et 41 enfants) à la Louvière et 7 ménages (19 adultes et 14 enfants) au Calvaire (un « adulte » a plus de 14 ans).

En 1783 on recense une ferme, une grange et 31 maisons à la Louvière, une grange et 7 maisons au Calvaire. Il s’agit de petites maisons en rez-de-chaussée. Trois seulement ont un toit de tuiles, et les autres sont en chaume. Seules trois maisons possèdent trois pièces, huit en ont deux, et les autres ont une pièce unique.
La ferme possède deux pièces dont une avec un four, et des bâtiments annexes : une étable, une bergerie, deux granges et un « toit à cochons » surmonté d’un poulailler. La plupart des maisons ont une étable, une écurie ou une grange, ce qui montre bien le caractère agricole du hameau.

On a une petite idée de la répartition des revenus dans le hameau, puisque, en 1787, lorsque le puits de la Louvière a besoin de travaux, et que les 29 propriétaires fonciers du hameau sont appelés à les financer, cinq d’entre eux supporteront 44% des dépenses.

 Au cadastre de 1830 on voit que le hameau a un peu évolué, puisqu’il comprend maintenant 45 maisons rue de la Louvière, et 14 rue du Petit-Parc, et que le Calvaire en compte 16 groupées autour du carrefour. Autour du hameau, et entre lui et le Calvaire : des terres agricoles.

Le village

En 1845, l’arrivée du train à Rambouillet, a des conséquences considérables. En matière d’urbanisme, la voie ferrée traverse des terres inhabitées, sauf au Calvaire, qu’elle coupe en diagonale. Trois maisons sont détruites, et celles qui sont au sud de la voie ferrée se trouvent alors rattachées à Rambouillet. De nouvelles maisons sont progressivement construites de chaque côté de la rue de la Louvière, reliant le hameau aux maisons du Calvaire.

Sur les 41 hommes mariés recensés en 1836, il y a 22 journaliers, 5 cultivateurs, et des ouvriers du bâtiment. C’est donc un village ouvrier et agricole dont la population augmente entre 1845 et 1914, par la création de lotissements successifs.

En 1901 la population est ainsi passée à 412 habitants répartis en 101 maisons, rue de la Louvière, rue du Petit-Parc et rue des Eveuses.

il faut naturellement lire « rue de la Louvière » et non rue Larouillière !!!

En même temps, la population change : 20 journaliers, 18 sans profession, 15 employés, mais aussi 27 rentiers, 8 marchands et 2 négociants, 5 jockeys, 6 artisans, 3 officiers, et même un juge de paix, président du tribunal.

cadastre 1934

Il commence donc à y avoir un mélange d’habitat résidentiel, artisanal et ouvrier, qui a totalement pris la place de la population agricole d’autrefois.

Le quartier

C’est après la guerre que la Louvière connaît une nouvelle transformation.

Il n’est plus question de hameau, ni de village, mais du quartier de la Louvière, qui va du Pont Hardy à la RN10 qui vient d’être construite.

Son extension se fait par 6 programmes successifs, dont les premiers sont décidés en 1954-55 et reçoivent leurs premiers occupants dès 1959, en HLM et en habitations privées.

Ils sont suivis par deux ensembles importants réalisés par la SEMIR (Société d’Economie Mixte de Rambouillet) : un grand immeuble de 180 logements exclusivement locatifs, et un groupe de 83 logements locatifs, dont 29 avec balcon, et un immeuble de 54 logements en demi-cercle, terminé en 1964

Enfin 6 petits immeubles de 30 logements chacun, avec balcons et loggias, donnent au quartier un caractère plus aéré.

Au nord du quartier 42 pavillons avec accession à la propriété sont construits en 1963 par la SCI des Castors et permettent le relogement de 145 personnes qui vivaient dans des conditions précaires.

Le quartier reçoit deux groupes scolaires en 1959 et 1963 pour accueillir les 1200 écoliers qui habiteront le quartier en 1964. Un centre commercial, en bordure de la RN10, regroupe quelques commerces de première nécessité, et quelques autres ouvrent le long de la rue de la Louvière, comme le garage Fiat de monsieur Hude, l’atelier électrique de J. Regimbart… ou au carrefour, comme le garage Prehel.

En 1964 les habitants de la Louvière découvrent avec satisfaction la maquette de la future maison des jeunes et de la culture. Elle va disposer d’une salle de spectacles de 300 places, le Nickel-Odéon, autour de laquelle la MJC, créée en 1960, va disposer de salles de jeux, ateliers, laboratoire photos et autres, pour les activités de ses nombreux adhérents. Le centre ouvre en décembre 1966, et constitue un pôle culturel dont profitent non seulement les habitants de la Louvière, mais aussi ceux de Rambouillet (il est hélas fermé, aujourd’hui, car jugé dangereux).

Quant aux catholiques, ils ne sont pas oubliés, puisque, commencée en juillet 1970 sous le contrôle de l’architecte Sizaret, l’église Sainte-Bernadette s’ouvre au culte deux ans après. Les 700 000 francs de sa réalisation ont été financés par un prêt de la Caisse des Dépôts et Consignation garanti par la ville, et les dons des paroissiens.

la construction de Sainte-Bernadette

Je ne détaille pas ici tous les travaux entrepris depuis dans ce quartier, tant pour l’amélioration de ces premiers immeubles, en isolation et en esthétique, que pour le stationnement ou la circulation.

La fête de la Louvière, reprise d’après une vieille tradition qui avait été abandonnée, montre que le quartier a conservé sa personnalité. Il attend avec impatience la construction d’un nouveau centre culturel en remplacement de l’ancien Nickel-Odéon … et tous les Rambolitains partagent cette attente, que la fermeture du Vox, en centre-ville, rend encore plus désirable !

La Louvière aujourd’hui

Christian Rouet
Juin 2024

Cet article a 2 commentaires

  1. VAN DE MAELE

    Bonjour,
    petite précision, il s’agit de l’atelier d’électricité automobile de Régimbart et Billy.
    amicalement
    Erick

    1. christian Rouet

      et non de Billy et Regimbart comme je l’avais indiqué. En fait, à l’époque l’atelier était celui de Régimbart seul (lui et son frère), et Billy n’est arrivé que plus tard.Je rectifie

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