Folies Lavoirs

Dans un article en ligne ici j’évoquais les lavoirs du pays d’Yveline.

Les lavoirs servaient principalement à rincer un linge qui avait été précédemment lavé, mais deux fois par an, pour les grandes lessives annuelles (les buées), les lavandières amenaient le linge en brouette, le savonnaient, le battaient et le rinçaient là.
La loi du 3 février 1851, assortie d’une prise en charge par l’Etat de 30% de leur construction les a multipliés durant un siècle, avant que l’arrivée de l’eau dans les foyers ne les rendent inutiles.

Je reviens sur ce sujet, aujourd’hui, pour vous inviter à profiter des Folies Lavoirs, organisées du 27 mai au 17 septembre 2023 par l’association Helium en partenariat avec le Réseau Patrimoine du Parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse et divers autres acteurs régionaux.

4 circuits nous sont proposés pour découvrir une trentaine de lavoirs, parmi les quelque 100 lavoirs recensés dans 36 communes du Parc naturel, et le site Hélium vous les propose également sous la forme de 13 circuits de randonnée, à faire à pieds ou en vélo avec leur distance, l’estimation du temps nécessaire et leur dénivelé.

Les voici, et vous pouvez consulter sur le site d’Helium une carte interactive ou télécharger une plaquette détaillée.

Partir à leur recherche fait visiter des communes que nous traversons trop vite en voiture. Et la visite peut être plus longue que prévue, parce que les GPS ne les reconnaissent pas tous, et que rares sont les communes à prendre la peine de nous les signaler.

Quelques rares flèches posées par Hélium nous renseignent à un carrefour… mais pas aux suivants. Il faut donc savoir les mériter. Dommage que l’association n’ait pas eu les moyens d’une vraie signalisation !

Ajoutons que leur emplacement défie souvent la logique : certains sont en effet en hauteur, et non dans le creux, où l’on s’attend à trouver de l’eau, parce qu’il y avait autrefois une source, aujourd’hui tarie ou bouchée par l’urbanisation.

En effet tous ces lavoirs ne sont pas en bordure de rivière. En fait il y en avait, à l’origine, de quatre types :

les lavoirs de rivière, auxquels nous pensons tout de suite. Il en resterait 51 dans le Parc. Ils sont le plus souvent à un pan de toit reposant sur 3 murs en moellons de meulière enduits à la chaux, dont l’un percé d’une porte d’accès. Les pierres à laver, margelles inclinées sont généralement des dalles de grès.

les lavoirs de mare : à défaut d’eau courante, il était parfois nécessaire d’utiliser l’eau d’une mare, qui servait également d’abreuvoir… L’hygiène n’y gagnait pas, mais nos ancêtres n’avaient pas toujours le choix ! Il en reste 5 dans le Parc.

les lavoirs de source et lavoirs de pluie: il s’agit cette fois d’un bassin rectangulaire, souvent ouvert vers l’extérieur, qui était alimenté par une source plus ou moins importante. Le toit de 2 ou 4 pans reposait généralement sur des poteaux de bois (parfois remplacés par des poteaux métalliques par la suite), inclinés vers le bassin central ils permettaient de recueillir l’eau de pluie. On en dénombre 17.

Lavoirs de mare, de source ou de pluie ne permettaient naturellement pas de laver le linge à l’eau courante, comme dans un lavoir de rivière, et chaque fois que c’était possible, les lavandières préféraient donc marcher plusieurs kilomètres pour en disposer, plutôt que d’utiliser un lavoir à eau dormante plus près de chez elles.

On se souvient que Rambouillet était resté particulièrement mal équipé, jusqu’à la construction des lavoirs de Groussay (sur l’étang de Groussay).

Hélium

L’association Hélium, créée en 2004, regroupe aujourd’hui plus de 125 artistes, et organise régulièrement des manifestations, biennales, parcours d’artistes et autres qui permettent à chacun de profiter de la notoriété et de la visibilité de l’évènement, en contribuant à son succès collectif.

Dans le cas présent, 35 de ses membres ont choisi de décorer un des lavoirs en s’inspirant du thème de l’eau, de la lessive, du labeur féminin ou de tout autre thème en rapport avec le lieu.

Devant le lavoir, une notice d’information explique l’idée de l’artiste, et comme lors de l’inauguration du parcours, chacun sera présent sur les lieux de sa création les 16 et 17 septembre 2023, pour les Journées du Patrimoine.

On peut ne pas être séduit par une de ces oeuvres éphémères. On peut ne pas goûter l’explication qu’en donne l’artiste pour justifier sa création. Il n’en demeure pas moins que cette initiative originale est un excellent appel à la découverte de lieux de notre patrimoine qui tombent dans l’oubli. Il faut souhaiter à Hélium de pouvoir en organiser beaucoup d’autres.

le lavoir des Mesnuls
le lavoir de Maincourt

Christian Rouet
août 2023

 

 

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