Olympie à Auffargis

Même s’il a vécu essentiellement à Paris et Lausanne, le baron Pierre de Coubertin (lire) est rattaché à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, berceau de sa famille. C’est là que son ancêtre, Bernard Fredy, seigneur de Coubertin, s’était fait construire un château en 1696. Son grand-père Bonaventure-Julien Fredy de Coubertin (1788-1871) avait été maire de la commune. Ses parents, et leurs quatre enfants avaient partagé leur temps entre leur domaine de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, et leur hôtel de la rue Oudinot à Paris. Sans oublier qu’Yvonne, la nièce du baron Pierre, a créé en 1950 l’Association pour le développement d’un Compagnonnage rural, devenue en 1974 la Fondation Coubertin, et lui a fait don du domaine de Saint-Rémy-lès-Chevreuse. (lire)

Mais il existe un autre lieu des Yvelines qui se rattache plus modestement à l’oeuvre de Pierre de Coubertin : l’Olympie d’Auffargis. Elle a eue son heure gloire, grâce à la télévision. J’imagine que beaucoup l’ont oubliée… et que plus nombreux encore sont ceux qui n’en ont jamais entendu parler. Je vais tâcher de réparer cette injustice !

Drevet vend la mèche

Patrice Drevet, né le 4 janvier 1948 à Paris, est un journaliste qui présente la météo sur France 2 en 1984.
Animateur-producteur il y anime ensuite « Presse-citron », puis le « Mini Journal ». De 1987 à 1988 il présente « As3naute », le jeu « Génies en herbe » et « Flash Mag » sur FR3.

Sur cette même chaîne, en 1989, il nous fait découvrir des lieux et des personnages originaux, dans son émission « Drevet vend la mèche (DVLM) », puis anime d’autres émissions jusqu’en 2008, comme « Télévisator 2 », « Le magazine de l’emploi » ou  « ça vous dirait ? ».

Il se passionne ensuite pour l’écologie, et se présente, après sa retraite, à plusieurs élections en Hérault comme membre du Parti radical et de Génération écologie (il récolte 1,40% de voix aux législatives de 2012 : une notoriété médiatique ne suffit donc pas toujours pour réussir une carrière politique !).

Je l’évoque ici, parce que c’est dans « Drevet vend la mèche », qu’en 1988 les Français découvrent Daniel Deschâtres et son « Olympie ». Précisons que si les personnages hors du commun que se plaisait à rencontrer Drevet auraient facilement pu être ridiculisés (comme le faisait « le Petit Rapporteur » de Jacques Martin), Drevet les présentait avec beaucoup d’empathie. Une émission  positive, qui mettait de bonne humeur. Je me demande s’il en existe encore !

Devant le succès de ce reportage, les équipes de la télévision consacrent à l’Olympie d’Auffargis de nouvelles émissions en 1996 et 2000, le Parisien lui consacre un article en 2004, et l’Echo Républicain un autre en 2016, après le décès de son concepteur.

Olympie

 « L’antre du chantre de l’olympisme », comme le baptisait l’émission de Drevet, c’est un modeste pavillon que Daniel Deschâtres et son épouse Denise ont acquis en 1962 à Auffargis, et où il ont pris leur retraite.

 Sportif, ancien athlète marcheur, Daniel est passionné par l’Olympisme et Pierre de Coubertin est son modèle. Dans son jardin il installe successivement une aire de lancer de poids, puis un panneau de basket, un sautoir et les installations sportives conquièrent progressivement les carrés du potager.

« Derrière chaque homme qui réussit il y a une femme » dit-on ( « et une belle-mère qui n’en croit pas ses yeux » ajoutent certains !). Il ne sera pas question de Denise Deschâtres dans ce reportage, et on peut se demander si elle a vu avec plaisir disparaitre ses plants de tomates.

Mais comment lutter contre une passion dévorante ? J’espère que l’épouse de Picassiette qui a vu son époux, à Chartres, couvrir de petits fragments de porcelaine tous les murs et plafonds de leur maison, avant de s’attaquer aux meubles, à sa machine à coudre, sa cuisinière, et jusqu’aux arbres du jardin, ou celle du Facteur Cheval avaient assez d’amour et d’admiration pour s’accommoder de la passion de leur conjoint, somme toute beaucoup plus dévorante que celle de Daniel Deschâtres !

l’arrière de la maison

Au fil des ans la maison d’Auffargis devient un musée où Daniel Deschâtres conserve toutes les affiches, tous les articles, tous les souvenirs des Jeux Olympiques et de l’oeuvre du baron Pierre de Coubertin qu’il peut trouver.

Pour ce premier reportage TV, c’est habillé en costume d’athlète grec qu’il accueille l’équipe de la télévision, et qu’il est filmé en lanceur de javelot, de disque, de poids et de sauteur en longueur avant de faire visiter son musée et d’en raconter l’histoire.

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Avoir une passion, à des degrés plus ou moins grands, c’est ce que vivent bien des adultes qui ont gardé un peu de leurs rêves d’enfants. Un premier objet, une carte postale, une médaille ce n’est pas grand chose. Mais le second c’est le début d’une collection qui nous entraînera à la recherche des éléments manquants et qui ne se terminera jamais.

On l’entreprend pour soi, puis vient obligatoirement le moment où l’on montre sa collection à quelques amis. Ils sauront désormais quel cadeau nous faire. Et très vite on veut la partager avec le plus grand nombre.

La fierté et le bonheur de Daniel Deschâtres, c’est d’avoir pu accueillir les enfants de l’école primaire d’Auffargis, pour des visites, des compétitions sportives, des concours de culture générale dont les questions portent naturellement sur le sport en général et l’olympisme en particulier. L’Education Nationale autorise les instituteurs à lui amener leurs classes, et les parents sont ravis.

En 2000, lorsqu’une équipe de FR3 revient tourner chez lui, il indique fièrement avoir reçu depuis l’ouverture de son musée, 20 000 scolaires. Le nombre est invérifiable mais le succès d’Olympie auprès des enfants fargussiens est une réalité ! Malheureusement cette année là l’Education Nationale dont les normes se durcissent chaque année ne renouvelle pas son agrément et les classes ne pourront donc plus venir. Il poursuit cependant l’organisation de concours sur le thème des JO.

En 2004, Daniel Deschâtres accueille à 78 ans une équipe du Parisien qui titre

et raconte la passion de ce collectionneur.

En 2016, à la veille des Jeux de Rio c’est l’Echo Républicain qui vient sur place. Mais Daniel Deschâtres est décédé en 2012 et, en l’absence d’héritiers directs, la maison est restée vide. Que sont devenues les collections d’Olympie ? Elles n’avaient pas de valeur : c’est la personnalité, l’enthousiasme de ce passionné qui donnaient à ce lieu son originalité et sa valeur.

Le blog d’une habitante d’Auffargis publie en mars 2021 l’annonce de la destruction de la maison, remplacée depuis par un petit lotissement.

En souvenir, la voie d’accès, qui donne sur la rue Creuse, a été baptisée « impasse Olympie » et les Fargussiens se souviendront ainsi de celui en qui certains voyaient un passionné, et d’autres un illuminé, mais qui a partagé bénévolement sa passion durant un demi-siècle, à 20 km du domaine de Coubertin.

« Il faut accrocher son char à une étoile…»  (Sainte-Beuve)

Christian Rouet
novembre 2025

Cette publication a un commentaire

  1. Delecroix

    J’ai le souvenir de son passage à la Clairière où il avait organisé de petites compétitionss avec des remises de médailles…pour tout les compétiteurs. Il présentait les gestes sportifs avec passion et pédagogie ! Accompagnant mes enfants j’avais été très très impressionné et je n’ai pas oublié !

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